Deux méthodes pour garantir des salaires minimums équitables dans l’UE

Deux méthodes pour garantir des salaires minimums équitables dans l’UE

Mardi 15 septembre 2020

Crédits: Unsplash / Raoul Croes

La consultation de la Commission européenne sur la manière de garantir des salaires minimums équitables pour tous les travailleurs de l’UE s’est achevée début septembre. Une proposition de la Commission est attendue dès octobre mais pourrait se heurter à l’opposition de la Suède et d’autres pays appliquant un système de négociation collective.

Les salaires minima peuvent être garantis soit par la négociation collective entre les employeurs et les syndicats («les partenaires sociaux»), soit par la législation sous la forme de salaires minima légaux. Dans un éditorial publié hier (14 septembre) dans le quotidien suédois Dagens Nyheter, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a tenté d’apaiser les inquiétudes suédoises concernant la législation sur les salaires minima.

«L’UE n’obligera pas la Suède à introduire un salaire minimum», a-t-elle écrit. Ce n’était pas assez rassurant pour l’eurodéputée suédoise Heléne Fritzon, vice-présidente du groupe S&D, qui a répondu le jour même à son éditorial. Le salaire minimum légal n’est pas le problème. Toute législation sur les salaires serait en contradiction avec le système suédois du marché du travail qui repose sur la négociation collective entre les partenaires sociaux.

«Il devrait y avoir une garantie légale que le salaire minimum doit être d’au moins 70 à 80% du salaire médian (le seuil de pauvreté)», a déclaré Nicolas Schmit, commissaire à l’emploi et aux droits sociaux atelier en février au Parlement européen.

«Le salaire minimum légal est la deuxième meilleure option, une négociation collective forte est la meilleure option», a-t-il alors souligné. «Si vous avez un système de négociation collective qui fonctionne bien, atteignant une certaine couverture de la population active, alors il n’y a pas besoin de salaire minimum.»

Les salaires minima sont considérés comme adéquats s’ils sont équitables par rapport à la répartition des salaires dans le pays et s’ils offrent un niveau de vie décent, mais c’est loin d’être le cas dans de nombreux Etats membres.

En fait, seule une minorité d’États membres de l’UE déterminent les salaires via la négociation collective. Il existe des lacunes importantes dans la couverture du salaire minimum dans certains pays. Dans d’autres pays, les salaires minima ne sont pas régulièrement ajustés et mis à jour. Une législation sur les salaires minima pourrait être nécessaire pour les pays dépourvus d’un système de négociation collective fonctionnel.

Dans son consultation, la Commission a déclaré qu’elle ne visait pas à fixer un salaire minimum européen uniforme ni à harmoniser les systèmes de fixation des salaires minima. Toute mesure éventuelle serait appliquée différemment selon les systèmes de fixation du salaire minimum et les traditions de l’État membre, dans le plein respect des compétences nationales et de la liberté contractuelle des partenaires sociaux.

Par conséquent, l’initiative de l’UE viserait à garantir à la fois que «des négociations collectives efficaces dans la fixation des salaires sont en place et que« les cadres nationaux permettent de fixer et de mettre à jour régulièrement les salaires minima légaux selon des critères clairs et stables ».

La Commission a publié aujourd’hui (15 septembre) son Rapport sur l’emploi 2020 qui comprend des données de recherche sur l’effet positif du salaire minimum sur la mobilité sociale.

Interrogé lors de la conférence de presse d’aujourd’hui sur les deux options de la prochaine proposition de la Commission, un porte-parole a répondu qu’il ne recommanderait pas l’introduction de salaires minima légaux dans les pays où ils sont négociés de manière autonome par les partenaires sociaux.

Ce qu’elle recommandera pour les autres pays était moins évident, mais la Commission a précisé par la suite qu’elle voulait garantir que tous les systèmes fournissent des niveaux de salaire minimum adéquats, aient une couverture suffisante, incluent une consultation approfondie des partenaires sociaux et mettent en place des mécanismes de mise à jour appropriés. Cela dit, la Commission exclut un salaire minimum européen uniforme.

Mise à jour: Une partie du brouillard entourant la proposition de la Commission a finalement été dissipée par la présidente de la Commission européenne, von der Leyen, dans son discours sur l’état de l’Union lors de la plénière du Parlement européen, mercredi 16 septembre.

«La vérité est que pour trop de gens, le travail ne paie plus», a-t-elle déclaré dans son discours. C’est pourquoi la Commission présentera une proposition juridique pour soutenir les États membres mettre en place un cadre de salaire minimum. Chacun doit avoir accès au salaire minimum soit par le biais de conventions collectives, soit par le biais d’un salaire minimum légal. »

M.Apelblat
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